93 centimètres, (930 millimètres, ça fait plus grand),

12 kilos dont deux de Playmobil, Lego, animaux en plastique divers dans les poches

 une insulte suprême harnachée aux lèvres « Bébé cadum qui pue la cigarette »

et vous obtenez Corentin, 3 ans et demi !

Ce petit être, drôle, raffiné et intelligent… je vous laisse apprécier l’objectivité et le grand réalisme de l’auteure… je me permets aussi de souligner que je n’ai pas supputé que tout ça venait de ses géniteurs… était ce matin-là d’humeur chafouine pas du tout enclin à rejoindre les bancs de la nursery !

Et comme par hasard, nous n’avions, Florent et moi, ni l’envie, ni le temps de rentrer dans des débats socio-philosophique sur l’utilité et la pertinence de la scolarisation…alors à grands coups de «  Dépêche-toi Corentin, ferme l’ordi on va être en retard… »  «  Dépêche-toi ou c’est maman qui arrête le dessin animé » ce qui une fois sur deux fonctionne car allez savoir pourquoi, les enfants veulent eux-mêmes cliquer sur Stop sous peine de beugler comme des veaux si vous le faite à leur insu…ce jour-là, rien à faire…l’autorité était en berne…


Florent, petit déjeuné avalé, douche achevée et raie sur le côté gominée passait la porte d’entrée me laissant gérer…

Entre temps j’accueillais les maids venues pour faire le ménage et m’activais tout en continuant à héler Corentin, à lancer une machine à laver le linge, checker sa lunch box, attraper son sweat et tenter de ne pas m’enfoncer le goupillon du mascara jusqu’au fond de l’iris…mais ce dernier ne répondant toujours pas à mes appels, j’étais bien déterminée à aller le chercher par la doublure de son slip (pour rester polie)
 

…quand je me retrouvai face… à une porte… fermée… à clé !

Corentin s’était enfermé dans notre chambre !

 Il y avait bien une autre issue…une porte fenêtre donnant sur le balcon, mais elle-même fermée de l’intérieur, évidemment…
Car pour faire simple, du côté extérieur la porte possède une serrure (sans clé bien sûr) et de l’autre un loquet ! Je lui demandais tout d’abord « assez calmement » de venir tout de suite ouvrir cette put…punaise de porte, l’oreille plaquée, j’entendais Corentin qui très nonchalamment me répondait «  j’y arrive  pas »
…excitée comme une vieille puce se rendant à un thé dansant , je sautais sur le balcon pour voir ce qu’il faisait à l’intérieur…et là je fus témoin d’un spectacle consternant :
 

Il était couché sur le lit en train de regarder Trotro !

Le traitre, il avait tout prémédité, il avait à sa disposition sa tétine, son doudou, son biberon, la tablette, deux Pc et Trotro qui tournait en boucle………………………..j’étais foutue, comment veux-tu persuader un malfrat  de se rendre s’il a déjà un hélico et 20 millions qui l’attendent sur le toit ?…

Des mois d’échanges courtois et polis avec les maids réduits à néant, moi qui m’efforçai d’être un employeur sympa et mesuré ( la classe à la française !)  je fis une transformation express,

un peu comme si Candy  mutait en Demis Roussos en deux secondes chrono, je me mis à jurer comme un ivrogne en manque

…en me disant qu’il y avait moindre mal, ces dernières ne pipant un mot de français…en même temps inutile de faire des années d’études comportementales pour comprendre que je n’étais pas en train de réciter du Baudelaire ! 

Plus je demandais à Corentin d’essayer (au moins) de tourner le loquet, plus il me répondait, mollement, qu’il n’y arrivait pas… hystérique, je voyais par le balcon qu’il ne tentait même plus !!!!!!!!

D’un côté pour faire baisser la pression, je me disais qu’il valait mieux qu’il ne panique pas car je ne voyais vraiment pas  comment j’allais le sortir de là…en effet, aucune vis apparente à extraire, j’avais l’impression qu’ils avaient construit la porte et tout l’appart AUTOUR de la serrure ! Et pas la peine de songer à la dégonder ou à la casser …elle aurait fait passer celle d’une cellule d’Alcatraz pour un décor de carton-pâte…
Alors que faire quand une situation devient inextricable ?

A chacun son héros en slip moulant, le mien vous le savez… se nomme Florent !
 

Un petit coup de fil à super Floflo et plus vite qu’il n’en faut pour faire la Cheikh Zayed à l’envers, le voilà à genoux devant la porte tentant de raisonner son fils !


Et bien que comme dans les grandes négociations criminelles, nous changions d’interlocuteur, Corentin lui s’en tenait toujours au même discours «  Je n’y arrive pas », nous faisant bien sentir au passage qu’on le dérangeait copieusement en plein visionnage de « Trotro épate nana »

Entre deux allers retours sur le balcon, ulcérée j’écoutais les négos, qui passaient de : «  Tu auras un bonbon », à 5 minutes plus tard « Tu auras deux bonbons » pour finir 15 minutes après avec « Tu auras tous les bonbons que tu veux », entre parenthèses, moi si je m’enfermais dans les toilettes, je doute fortement que les enchères montent aussi vite ( " Sors Sophie, tu auras une paire de chaussures…le sac qui va avec…et enfin la petite veste qui va bien !")

Bref, rien à faire, dans un dernier souffle le groin collé à la baie vitrée, je vociférais :
«  Essaie de tourner le truc ! »
Corentin détournant à peine son regard de l’âne, ré essaya ….en vain…et là complètement désarmée, je criais à Florent

« Il est con…notre fils est con ! »

Oui, il ne s’agissait plus du petit être solaire génétiquement parfait décrit ci-dessus, mais de ce vicieux et perfide 93 centimètres !
Et là, que tous les pédopsychiatres me lapident en place publique, j’ai sorti  ma dernière cartouche, la bave aux lèvres et les yeux révulsés, je hennissais :

« Si tu n’ouvres pas cette porte, tu ne reverras plus jamais tes parentsssssss !!!! » 

Silence……………………………………………rien !
Pas un sourcillement, pas un soupçon  d’une lèvre tremblotante, ni l’ombre d’un liquide salé sorti tout droit de son canal lacrymal  ….rien à cirer, rien à secouer, rien à carrer…

Journée de merde pour constat amer : Non seulement notre fils était débile mais en plus il n’aimait pas ou plus…ses parents…il fallait se rendre à l’évidence, je venais en quelques secondes de me faire voler la vedette par Trotro, Nana et je ne sais quel autre «  Gallus gallus domesticus » de basse-cour…

Quand soudain, dans un moment de lucidité surement concomitant à la fin de l’épisode, il réussit à ouvrir la porte !

Rincés et dépités, vous vous imaginez bien que nous n’avons pas déroulé le tapis rouge jusqu’à la bonbonnière…

Mais flottait plutôt dans l’air… comme une ambiance de froid polaire…

 

1 Comment on Journal 24 : Coco est québlo!

  1. J’adoreeeee….. Quelle épopée chez les Peduf !
    Chers lecteurś, rassurez-vous chez certains expats la vie est comment dire….. Plus calme !!!
    Sophie j’adore ton t shirt.  » By sophie  » tu es une sacrée commerciale tu arrives même à placer tes T shirt 🙂 dans tes chapitres
    Surtout ne changez rien on vous adore !
    Petit mot pour Corentin  » ne fais pas cela quand c’est ma fille Juju qui te garde !
    Bisous à vous très très vite
    Sophie, nous avons hâte de lire le prochain épisode !
    GAC 3

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